Page 30 - Revue Energie & Stratégie N° 57
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FOCUS









        •  Un  Pacte  qui  permet  aux  partenaires  (entreprises  et  eux-mêmes,  mais  comprend  aussi  les  aménagements
        territoires)  de  contribuer à  la  lutte  contre la  pollution  infrastructurels nécessaires (voies piétonnes, pistes cyclables,
        atmosphérique locale et le réchauffement climatique global  aires de stationnement, signalétique, sécurité, respect  des
        suivant  une  démarche  en  3  étapes  :  évaluer,  réduire  et  réglementations, etc.).
        compenser, à travers un programme et un outil digital de  Dans un autre  registre,  il  manque  toujours  une vision
        compensation  volontaire  carbone (CVC) qui permet de  claire de la mutation vers le moteur électrique. Malgré les
        compenser  le  CO2  issu  des  transports,  en  finançant  par  inconvénients du moteur thermique (à combustion interne
        exemple la plantation d’arbres et l’installation de panneaux  essence et diesel), Il n’existe actuellement au Maroc, qu’à
        solaires PV dans des écoles rurales.                  peine  1%  de  véhicules  propres  dont  300  électriques  et
        •  Un  centre  dédié  :  le  Centre  International  Hassan  II  de  2 000 hybrides. Les moyens de transport publics doivent
        Formation  à  l’Environnement  permet  la  sensibilisation,  être les pionniers en la matière à l’image de ce qui se passe
        l’éducation,  la  formation,  l’échange  et  la  promotion  des  dans plusieurs pays où nous  avons affaire à des autobus
        bonnes pratiques, dans le cadre d’ateliers pédagogiques  hybrides, électriques et même fonctionnant à l’hydrogène
        destinés aux jeunes, ainsi que d’actions d’accompagnement  vert provenant de l’électrolyse de l’eau.
        des acteurs, par exemple pour la mise en place de plans  Un tel déficit en matière de moyens de transport publics
        climat au niveau des territoires.                     durables et de mobilité  électrique risque, non  seulement
                                                              d’aggraver la dépendance  des énergies d’origine fossile

        Malgré les progrès accomplis, plusieurs               importées et le déficit économique qui en découle, mais
        carences  persistent  et  freinent  le                encore d’aggraver les inégalités  sociales  et  les impacts
        développement de la mobilité durable                  négatifs sur l’environnement.
        a. Le manque d’une vision-stratégie claire et intégrée   b. Une offre de mobilité inadaptée, insuffisante et qui
        de la mobilité durable                                oriente la demande vers des moyens non durables
        En l’absence d’une vision claire et d’une stratégie intégrée   La politique actuelle centrée sur l’infrastructure routière et
        pour  la  mobilité  durable,  les  politiques  nationales  et   la voiture individuelle renforce davantage la dépendance à
        territoriales peinent à inverser les approches classiques bien   un mode peu durable, peu équitable et qui ne peut être
        ancrées du système de transport. Les principales politiques et   à la portée des deux tiers de la population. La région de
        programmes nationaux et territoriaux sont principalement   Casablanca-Settat est un exemple révélateur des défis de la
        centrés sur les véhicules, principalement privés, et sur les   mobilité urbaine. La majorité des déplacements de la région
        déplacements physiques, au lieu d’être centrés sur l’individu.   la plus peuplée du Maroc (20% de la population), avec le PIB
        Ce modèle dominant ne prend pas  en considération la   le plus élevé (30%), se font à pied ( à peu près 62%), la part
        réduction des  déplacements  grâce  à  la  proximité  et  à   des transports en commun (autobus et tramways) s’élève à
        l’optimisation de l’accessibilité aux services sociaux de base.   12%, elle est de près de 13 % pour les voitures individuelles
        Une  des  principales  carences  concerne  la  quasi-absence   et de 9% pour les taxis.
        d’une  politique-stratégie  de  la  marche  non  contrainte,  la  c.  Un  pouvoir  d’achat  limité  et  une  fragilité  sociale
        circulation à vélo, sans et avec assistance électrique (VAE),  contraignante
        en cyclomoteur ou encore intégrant les nouveaux engins de  Il convient de noter que la voiture individuelle personnelle
        déplacement personnel motorisés (trottinette, hoverboard,  reste le mode de transport le plus privilégié au Maroc comme
        gyropode, etc.), dans des conditions de sûreté et de sécurité  dans d’autres pays, cependant de nombreux marocains sont
        optimales.  Un  tel  déficit  pose  de  sérieux  défis,  d’autant  encore obligés de se déplacer  à pied et parfois pour de
        plus que la majorité des accidents de la route résulte de la  longs trajets. Le recours aux transports en commun n’est
        circulation en ville.                                 pas toujours possible.
        En l’absence d’une mobilité durable et accessible, une part  Le coût des transports représente une part non négligeable
        importante des citoyennes et citoyens(écoliers, travailleurs  au regard des revenus modestes des personnes en situation
        à revenus modestes, femmes, etc), estimée à près de  de précarité. L’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens
        60%, voire plus dans certaines communes, pratique  la  est  un objectif  central  du développement  de  la  mobilité
        marche contrainte en milieu urbain et rural. Cette carence  durable. L’offre disponible en matière  de transport en
        ne concerne pas  seulement les moyens de  transport  commun  reste  insuffisante  par  rapport  aux  besoins  des

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