Des experts marocains et étrangers débattent à Fès de la gestion des eaux souterraines

D’éminents responsables et experts marocains et étrangers se sont réunis, le 7 juillet à Fès, pour débattre des enjeux et des perspectives de la gestion des eaux souterraines, à l’occasion d’un panel inscrit dans le cadre de la 3e Conférence Internationale Eau et Climat (CIEC3).

A cette occasion, le ministre sénégalais chargé de la Prévention et de la Gestion des inondations, Issakha Diop a mis en évidence l’importance cruciale des ressources en eaux souterraines pour l’avenir du continent, particulièrement dans le contexte actuel marqué par les changements climatiques, ajoutant qu’elles constituent un élément essentiel pour l’alimentation en eau potable et pour les besoins de l’agriculture dans de nombreux pays, notamment en Afrique

« En Afrique, où l’eau souterraine constitue souvent la principale et parfois la seule source d’eau potable pour plus de 75% de la population et plus de 95% des ressources en eau douce », a-t-il expliqué, « il est essentiel que l’Afrique accorde une attention considérable à la question des eaux souterraines, car la sécurité en eau actuelle et future de la région en dépend en grande partie ».

Le responsable sénégalais a noté que « la demande et les prélèvements d’eau souterraine dépassent largement la recharge des aquifères », ajoutant que « la surexploitation de ces ressources peut entraîner des conséquences irréversibles, telles que des intrusions salines dans les régions côtières, des problèmes de qualité de l’eau et l’assèchement des cours d’eau, avec des répercussions sur les écosystèmes associés ». 

Selon lui, cette question revêt une importance vitale pour le développement, “car avec les changements climatiques et l’augmentation de la demande, le partage des ressources en eau souterraine sera au cœur de défis communs, impliquant divers acteurs, territoires et États”. Le ministre a appelé, à cet effet, les responsables à améliorer la gestion conjointe des ressources en eau souterraine “en renforçant des partenariats mutuellement bénéfiques, favorisant une gestion inclusive, durable et intégrée de ces ressources”.

Abordant l’utilisation des ressources souterraines au Maroc, Abdelaziz Zerouali, Directeur de la Recherche et de la Planification de l’Eau au ministère de l’Équipement et de l’Eau, a souligné que les ressources renouvelables du pays s’élèvent à environ 4 millions de mètres cubes par an, précisant que le volume prélevé est évalué à 5,11 millions de m3/an, “ce qui entraîne une surexploitation des eaux souterraines d’environ 1,1 million de m3, représentant ainsi 22% du volume total prélevé et 28% du volume renouvelable”.

Le volume de l’eau souterraine prélevé pour l’irrigation s’élève à 4,3MM m3, soit plus de 84% de tous les prélèvements de l’eau souterraine, a fait remarquer M. Zerouali, qui a préconisé le basculement vers les eaux de surface pour l’alimentation en eaux potable, la mise en place de projets hydro-agricole et l’élaboration des contrats de nappe.

La CIEC3, placée sous le thème “La gestion de bassin, clé pour l’adaptation et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable“, est organisée par le ministère de l’Équipement et de l’Eau du Maroc en partenariat avec le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB) et le Conseil Mondial de l’Eau.