L’expérience énergétique marocaine, citée en exemple à la 23e Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP23) de Bonn (6-17 novembre), montre que le défi de la transition vers un système d’énergie à la fois sobre en carbone et compétitif est à la portée des pays du sud, a assuré le directeur général de l’Agence marocaine pour l’Efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline. « Les pays du Sud sont prêts à relever le défi de la transition énergétique. L’expérience marocaine en est la preuve », a affirmé M. Mouline à l’occasion de sa participation le 10 novembre à une journée thématique de la COP23 axée sur l’énergie.
Livrant les principales conclusions de cette journée, organisée dans le cadre du Partenariat de Marrakech en faveur de l’Action Mondiale pour le Climat (AMC), le directeur général de l’AMEE a mis l’accent sur l’importance de cet événement qui a permis la présentation de « success-stories » nationales en matière de transition énergétique, dont celle du Maroc. « Lorsque de bonnes politiques sont menées, adossées à une vision claire et cohérente, avec un système de réglementation et de gouvernance pertinent, nous pouvons obtenir des résultats », a-t-il soutenu. C’est le cas de l’expérience nationale, confortée par des politiques publiques volontaristes portées au plus haut niveau de l’État et une réglementation adéquate, avec notamment la loi sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la création d’agences d’énergie dédiées. Il s’agit de l’Agence Marocaine pour l’énergie solaire (MASEN) pour le solaire, l’éolien et l’hydraulique et l’AMEE pour ce qui est de l’efficacité énergétique dans le transport, dans l’industrie et dans le bâtiment. « Tout ce que nous avons fait au Maroc est cité à la COP23 en exemple parce que cette approche a donné des résultats », s’est félicité M. Mouline qui cite parmi les réalisations concrètes l’obtention de prix des renouvelables à la fois très bas et compétitifs, en particulier dans l’éolien et l’électricité. « Ceci montre que nous sommes dans le bon chemin », a-t-il commenté.
Pour le directeur général de l’AMEE, il y a également des opportunités à saisir en termes de création d’emplois dans les pays du sud, en misant sur la transition énergétique. Il a insisté à cet égard sur le rôle déterminant du secteur privé, mettant en avant l’approche marocaine du partenariat public-privé qui a fait ses preuves, avec un secteur qui a joué pleinement son rôle aussi bien pour accompagner les grands plans que toutes les autres applications environnementales : plan solaire, panneaux photovoltaïques…. Une dynamique qui devrait s’étendre également au créneau de la mobilité électrique avec des projets déjà en cours pour équiper certaines villes en bus électriques et bornes de recharges. M. Mouline se dit convaincu du lien étroit entre “énergie durable et mobilité durable” d’autant plus qu’« il y a aujourd’hui des solutions de plus en plus économiques ».
L’organisation à Marrakech l’année dernière du Grand Prix de la Formule E reflète, a-t-il dit, l’intérêt qu’accorde le Maroc à la promotion des solutions d’e-mobilité, très sollicitées aujourd’hui à travers le monde. S’agissant de la question de l’accès au financement vert, le DG de l’AMEE estime que les réticences des bailleurs de fonds pourraient facilement être levées « à condition qu’il y ait la visibilité, la gouvernance et la transparence”. “C’est ce qui fait qu’aujourd’hui les grandes banques de développement accompagnent nos projets », a-t-il expliqué, tout en reconnaissant qu’il reste encore du travail à faire pour accompagner les petits projets : aider les petits agriculteurs à passer aux panneaux solaires, encourager l’achat de motos électriques… « Tout cela pour dire qu’un pays comme le Maroc, un pays du Sud faible émetteur de gaz à effets de serre, donne l’exemple », a résumé M. Mouline, tout en insistant sur l’importance de la coopération sud-sud et « surtout l’export de l’énergie verte du sud vers le nord ».