La stratégie énergétique marocaine et sa pertinence pour l’Afrique mises en avant à Johannesburg

L’ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, Youssef Amrani, a présenté, le 11 septembre à Johannesburg, la stratégie déployée par le Maroc pour le développement des énergies renouvelables, tout en mettant en valeur la pertinence de cette stratégie pour l’Afrique, un continent qui fait face à de nombreux défis liés à l’impact des changements climatiques.

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence tenue sous le thème «Power Week Africa» à Sandton, quartier financier de Johannesburg, M. Amrani a, d’emblée, rappelé l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’inviter plus de 30 pays africains au premier sommet africain de l’Action sur les changements climatiques, organisé à Marrakech en marge de la COP22 (2016).

C’était un sommet opportun eu égard à la priorité que tous les pays africains doivent accorder aux questions relatives aux énergies renouvelables et leur développement, a dit l’ambassadeur, rappelant les efforts déployés par le Maroc, depuis plus de 10 ans, pour la promotion, à l’échelle continentale, d’une vision intégrée, inclusive et concertée de ces questions.

«Le Maroc est convaincu que la mise en œuvre de toute stratégie durable et viable pour la lutte contre les changements climatiques doit être soutenue par tous les pays africains», a-t-il dit, soulignant que le Maroc demeure engagé, aux côtés des autres pays africains frères au sein de l’Union africaine, en faveur d’une Afrique orientée vers l’avenir et maitre de son propre destin.

Les défis sont de taille mais avec la détermination de toutes ses composantes, l’Afrique saura les relever, a encore dit le diplomate, soulignant que l’objectif ultime reste de construire une Afrique résiliente aux changements climatiques et engagée sur la voie d’un développement durable tout en respectant l’équilibre environnemental et social.

Dans cette veine, M. Amrani a relevé que l’Afrique doit parler d’une seule voix pour demander la mobilisation des ressources nécessaires.
«Il est de notre devoir de donner une forte impulsion à l’émergence africaine et continuer à avancer vers la réalisation des objectifs identifiés », a-t-il poursuivi.

Le diplomate a cité le projet de gazoduc Maroc-Nigeria comme un modèle de partenariat africain qui devra accélérer la mise en œuvre de projets d’électrification au profit des populations, créer un marché énergétique compétitif et contribuer à l’industrialisation et l’intégration de la région d’Afrique du l’Ouest et du Nord.

Par ailleurs, M. Amrani a relevé que la conférence de Johannesburg offre l’occasion de partager les ambitions et les visions pour l’avenir.
Il a, dans ce contexte, passé en revue les différentes réformes initiées dans le Royaume, soulignant que cette stratégie, qui émane de la plus haute autorité politique du pays, s’assigne comme objectif de réaliser le développement de l’efficacité énergétique et renforcer l’intégration régional.

Sur le plan institutionnel, la priorité a été accordée aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique à travers la mise en place de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) et la Moroccan Agency for Sustainable Energy (MASEN).

Ce cadre institutionnel a été amélioré avec l’accélération de la transition énergétique pour assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs et servir d’appui au investisseurs nationaux et étrangers, a dit M. Amrani, avant de conclure que l’Afrique, un continent qui connaît une profonde mutation structurelle, se trouve dans une phase décisive de son histoire qui requiert la mise en œuvre de stratégies concertées et des mécanismes innovants pour pouvoir continuer résolument sa marche vers davantage de développement.

Pour sa part, Said Mouline, directeur général de l’AMEE, s’est attardé sur les objectifs de la stratégie, notamment de porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national a 42 % en 2020 et a 52 % à l’horizon 2030. Il a relevé que le cadre régulateur du secteur a été renforcé et des outils financiers ont été mis en œuvre avec les institutions financières locales pour financer des projets d’efficience énergétique dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie et de l’agriculture.

A la faveur des efforts déployés dans ce domaine, le Maroc s’est positionné en tant qu’acteur actif dans les négociations internationales sur les changements climatiques.
Parmi les autres initiatives entreprises par le Royaume, M. Mouline a cité la Proclamation de Marrakech pour l’action en faveur du climat et du développement durable, adoptée lors de la COP22. Il s’agit, selon lui, d’une initiative qui a marqué un tournant vers «une nouvelle ère de mise en œuvre et d’action pour le climat», qui a incité les acteurs non-Étatiques à s’associer aux gouvernements pour prendre des mesures visant à atténuer les changements climatiques.

Le Maroc a également lancé, lors de la COP22, un plan pour l’adaptation du secteur agricole africain et a continué de défendre avec efficacité les préoccupations africaines lors de la COP23, a ajouté le directeur général de l’AMEE, notant que le sommet africain de l’action organisé en marge de la COP22 a été destiné à montrer comment divers secteurs liés aux changements climatiques comme l’agriculture, l’énergie, et l’eau, peuvent être développés en Afrique par des acteurs africains.

Illustrant le déploiement à l’échelle continentale de cette stratégie soutenue au plus haut niveau de l’État, M. Mouline a cité l’implication de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) qui œuvre pour le développement de ses activités agricoles en Afrique, les actions entreprises par MASEN et la mise en place par l’AMEE d’un centre de formation africain, soutenu par l’UNESCO. Ce centre est un exemple du partage d’expertise entre les acteurs africains.

La conférence «Power Week Africa» se tient avec la participation de professionnels et d’experts du secteur de l’énergie venus de plusieurs pays, notamment africains. Elle se veut une plateforme de networking et d’échange d’expertise pour le développement du secteur dans le continent. Plusieurs investisseurs prennent aussi part à ce conclave de cinq jours.