La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a appelé, le 7 novembre à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne, à un nouveau pacte de confiance pour relancer la dynamique multilatérale autour de l’action climatique, en présentant la nouvelle méthodologie du Maroc dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0).

Intervenant lors d’une session de haut niveau sous le thème « Dix ans de l’Accord de Paris: Contributions déterminées au niveau national et financement climatique », organisée dans le cadre du Sommet des dirigeants sur le climat en prélude à la COP30, Mme Benali a rappelé que le Maroc avait soumis sa CDN 3.0 bien avant la conférence, portant son ambition climatique à 53 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035, dont 22 % à titre inconditionnel.

« Cette nouvelle CDN est assurément plus ambitieuse, mais, plus encore, elle apporte deux contributions méthodologiques novatrices au processus des CDN : elle démontre que l’efficacité économique, la rentabilité financière et les bénéfices environnementaux et sociaux de l’action climatique ne sont ni exclusifs ni contradictoires ».

Détaillant ces deux innovations, la ministre a expliqué que la première consiste en l’utilisation d’indicateurs de coût d’atténuation (en dollars par tonne de CO2e réduite) par secteur, prenant en compte les rendements réels sur investissement. Sur le plan politique, cet outil constitue un levier puissant pour accélérer l’ambition collective, notamment dans les secteurs les plus émetteurs comme l’énergie, les métaux ou le transport maritime.

La seconde innovation réside, selon elle, dans la mise en relation directe des flux financiers avec des projets d’adaptation territoriaux, en s’appuyant sur les efforts d’atténuation réalisés, notamment dans les transitions énergétique, minière et industrielle du pays. Si le cadre de la CDN du Maroc était amplifié par d’autres pays, il pourrait constituer une contribution précieuse au deuxième Bilan mondial (Global Stocktake) en 2028 et orienter l’action collective face à l’urgence climatique.

La ministre a, par ailleurs, souligné que la COP30 doit démontrer que le véritable multilatéralisme ne se construit pas sur des négociations interminables, mais « parfois sur la responsabilité partagée, souvent la solidarité et toujours sur la préservation de la paix et de la sécurité internationales ».

Pour que la COP Climat demeure pertinente, selon Mme Benali, le Maroc identifie deux priorités essentielles dans le paquet de résultats nécessaires à la restauration de la confiance : accroître le financement climatique à travers une feuille de route opérationnelle de Bakou à Belém, et mettre en œuvre des CDN innovantes qui relient l’action climatique à des projets concrets et mesurables sur le terrain, sauvant des vies, éradiquant la pauvreté et la faim, protégeant les plus vulnérables et comblant les écarts de mise en œuvre.

« C’est la seule voie pour rendre opérationnel l’objectif mondial d’adaptation, car à ce stade, la mise en œuvre et la confiance sont nos seuls véritables tests », a-t-elle insisté, déplorant que « la majeure partie des 100 milliards de dollars promis ait pris la forme de prêts non concessionnels, aggravant les crises de la dette et sapant la confiance ».

Réaffirmant l’engagement du Royaume à renforcer sa résilience, Mme Benali a invité les pays à faire preuve du même sens de justice et de détermination et à s’inspirer des innovations marocaines.

« Seules des actions tangibles et ambitieuses permettront de restaurer la confiance dans le multilatéralisme et de préserver la possibilité d’atteindre les objectifs climatiques convenus au niveau international… car, dans ma région du monde, le seuil de 1,5°C n’est plus une simple alerte : il a déjà été dépassé depuis des années ».





En marge du Sommet des dirigeants sur le climat à Belém, en prélude à la COP30, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a eu une série d’entretiens axés sur le renforcement de la coopération internationale dans les domaines du financement climatique et de l’investissement.

Mme Benali s’est notamment entretenue avec Mafalda Duarte, directrice exécutive du Fonds vert pour le climat (FVC), autour des moyens de consolider le partenariat stratégique entre le Maroc et le Fonds à travers un nouveau programme pays axé sur la mise en œuvre de la CDN 3.0.

Ce programme ambitionne de promouvoir des projets conjuguant efficacité économique, rentabilité financière et retombées environnementales et sociales positives des actions climatiques.
Cet échange a également permis de réaffirmer le vif intérêt du Maroc pour l’accueil d’un bureau régional du FVC, en cohérence avec les efforts déployés par le Royaume au niveau africain en matière d’action climatique, de finance durable et de coopération Sud–Sud.

Mme Benali a, par ailleurs, mis en avant l’importance de capitaliser sur l’initiative innovante du Corridor OTC (« Origination, Transit et Certification »), afin de positionner le Maroc comme un hub énergétique et logistique africain, capable de relier durablement les économies du continent aux marchés internationaux.

Elle a souligné que le Maroc dispose de tous les atouts pour s’affirmer comme un pôle régional de la finance verte et durable, en parfaite cohérence avec ses objectifs nationaux de développement durable et de transition énergétique.

La ministre s’est également entretenue avec Bo Li, directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), autour des mécanismes de la finance climatique et de la nécessité de diversifier les sources de financement au-delà des canaux traditionnels, au profit des projets d’atténuation et d’adaptation relevant de la CDN 3.0.

Le but est d’atteindre les objectifs de décarbonation et renforcer la résilience des populations et des secteurs vitaux, à travers une approche territoriale permettant d’adapter les moyens aux besoins spécifiques de chaque région.

La rencontre a également permis d’explorer les formes d’assistance technique que le FMI pourrait apporter au Maroc en matière de budgétisation et de finance vertes, ainsi que dans le domaine de l’analyse quantitative du stress climatique.

Mme Benali a par ailleurs rencontré John W.H. Denton AO, secrétaire général de la Chambre de commerce internationale (ICC). Les discussions ont porté sur le renforcement de la coopération entre l’ICC et le Maroc, notamment dans les domaines de l’entrepreneuriat, du développement économique et de la promotion de l’investissement.

Denton a salué, à cette occasion, les réalisations du Royaume et félicité particulièrement le Groupe OCP, cité comme un modèle d’entreprise publique performante illustrant les succès marocains en matière d’investissement, de rendement et de bonne gouvernance.

Il a également exprimé un intérêt marqué pour la participation de l’ICC au Marrakech Mining Forum, soulignant le rôle stratégique du Maroc dans la défense des intérêts du continent africain et dans la promotion d’une transition industrielle, minière et énergétique durable.
Mme Benali a rappelé que, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les avancées économiques et institutionnelles du Royaume sont le fruit de plus de trois décennies d’efforts soutenus et de réformes structurantes.

Les échanges ont également permis d’aborder le projet du Corridor OTC, ainsi que les perspectives d’une coopération renforcée entre l’ICC et le Maroc, dans l’objectif d’élargir les partenariats existants au service du développement du continent africain.

D’autres part, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, s’est entretenue avec le vice-ministre pour la Coopération internationale au ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, Steven Collet.

Cette rencontre a mis en lumière la solidité du partenariat stratégique entre le Maroc et les Pays-Bas, notamment dans les domaines de l’énergie, fondé sur une approche pragmatique et tournée vers l’avenir.

Les deux responsables ont ainsi mis en avant la convergence de leurs visions en matière de transition énergétique, d’innovation technologique et de développement durable, réaffirmant leur volonté de mutualiser leurs expertises afin de relever les défis énergétiques mondiaux et promouvoir une économie plus verte et inclusive.

Mme Benali a évoqué à cette occasion la Contribution Déterminée au niveau National (CDN 3.0) du Maroc, récemment actualisée, en soulignant les innovations méthodologiques qu’elle introduit pour renforcer la crédibilité, la transparence et l’efficacité des politiques climatiques et qui pourraient inspirer d’autres pays dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

La ministre a également mis en avant les progrès du Royaume dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert, rappelant que le Maroc « place la coopération internationale au cœur de sa stratégie énergétique, fondée sur la crédibilité et la création de valeur partagée ».

Les deux parties ont, par ailleurs, salué les résultats du cadre de coopération bilatéral signé en 2023 dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, qui a permis le renforcement des échanges d’expertise, la montée en compétences et la participation conjointe à des événements internationaux majeurs, tels que le Power-to-X Summit de Marrakech et le World Hydrogen Summit de Rotterdam.

Cet entretien a permis de réaffirmer la volonté du Maroc et des Pays-Bas de renforcer un partenariat stratégique tourné vers l’innovation, la durabilité et la responsabilité partagée face aux défis climatiques mondiaux.