Le Maroc, avec son ambition climatique et ses stratégies de transition énergétique et de décarbonation, menées sous le leadership du Roi Mohammed VI, demeure un partenaire “naturel” et “stratégique” pour l’Union européenne (UE), a affirmé, le 8 juillet à Casablanca, l’ambassadrice de l’UE au Maroc, Patricia Llombart Cussac. 

“Ce n’est pas un hasard si le Maroc a été le premier pays avec lequel nous avons développé et signé, comme Union européenne, un partenariat vert que nous avons lancé en 2022 et qui est devenu le cadre politique de notre coopération sur les questions vertes”, a dit Mme Llombart Cussac, lors de la 2e édition de la conférence “Scaling up carbon market in Africa : Shaping fair and effective markets”. 

Elle a estimé que le Maroc et l’UE peuvent et doivent rester à la pointe du combat global contre les changements climatiques, relevant que ce partenariat a permis au Maroc d’être informé en priorité de tous les développements législatifs et réglementaires européens liés au Pacte vert, dont ceux sur la tarification carbone, l’économie circulaire, l’hydrogène vert, etc. 

“Cela a permis aussi de mobiliser une partie substantielle de notre coopération financière sur ces thématiques vertes pour appuyer les stratégies et les réformes marocaines sur la transition énergétique “énergie verte”, la politique agricole et forestière “terre verte”, ou l’économie circulaire “économie verte”. 

Mme Llombart Cussac a, par ailleurs, réaffirmé que l’UE reste fermement engagée dans la transformation de son économie vers la neutralité carbone, estimant que la collaboration entre l’UE et le Maroc sur ces thématiques de la tarification carbone et des marchés carbone est primordiale pour accélérer la transition verte et pour saisir toutes les opportunités qu’offre cette transition de part et d’autre.



Le Directeur général de Casablanca Finance City Authority (CFCA), Saïd Ibrahimi, a annoncé, le 8 juillet à Casablanca, le lancement du “Green Assets Cluster”, une initiative stratégique visant à fédérer les acteurs nationaux et internationaux présents au Maroc autour des enjeux des marchés carbone.

La mission de ce cluster porte principalement sur la génération d’opportunités business, le dialogue politique, la collaboration internationale, la promotion et le renforcement des capacités de toute la chaîne de valeur, a expliqué M. Ibrahimi qui s’exprimait à l’occasion de la 2e édition de la conférence “Scaling up carbon market in Africa : Shaping fair and effective markets”.

“Notre ambition en la matière consiste à faire de CFC la plateforme de référence pour l’économie du carbone sur le continent, en créant de nouveaux segments de croissance alignés avec l’agenda climatique et le potentiel africain”.

D’après M. Ibrahimi, cela implique aussi d’assumer pleinement le rôle de place africaine leader qui relie, structure et donne une voix commune aux acteurs africains sur les grands enjeux globaux.

Et d’ajouter : “Ce que nous avons annoncé aujourd’hui est une première. Je suis convaincu qu’à travers des initiatives collectives de ce type que l’Afrique pourra faire entendre sa voix, non seulement dans les marchés carbone, mais dans la gouvernance climatique mondiale”.

De son côté, le directeur général du groupe CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion), Khalid Safir, a souligné que le marché volontaire du carbone peut et doit devenir un outil stratégique de financement climatique, tout en contribuant pleinement à la réalisation des objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Une telle ambition ne saurait être atteinte que si ce marché est intégré, crédible et équitable, a-t-il noté, estimant qu’un marché structuré, fondé sur des crédits carbone rigoureusement encadrés, peut générer des flux financiers additionnels orientés vers des domaines clés tels que la transition énergétique, l’agriculture durable ou encore la reforestation.
M. Safir a également rappelé que lors de la 4ème Conférence internationale sur le financement du développement, tenue la semaine écoulée à Séville (Espagne), le marché carbone a été mis en avant comme un outil clé pour canaliser les financements en faveur de la transition écologique.

Il a, par ailleurs, fait savoir que la CDG représente un partenaire naturel pour accompagner et structurer un marché volontaire du carbone qui répond aux exigences de l’article 6 de l’Accord de Paris, ainsi qu’au dispositif CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation), en cohérence avec les ambitions nationales en matière des CDN (Contributions déterminées au niveau national) et le nouveau modèle de développement du Royaume.

En tant qu’acteur public financier important au Maroc, le groupe CDG est en mesure de jouer un rôle de coordination dans les travaux et les échanges avec les différentes parties prenantes, afin de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de soutenir la transition écologique et la compétitivité des entreprises en prévision du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne.

Il s’agit aussi de créer un écosystème performant et innovant, de positionner le Maroc comme un hub régional de la finance durable, de faire du Royaume un leader continental en matière de marché carbone et de proposer des solutions accessibles aux porteurs de projets de décarbonation.

“Nous avons ainsi fait le choix de rejoindre cette initiative de CFCA, convaincus que la coopération internationale et le rôle des places financières sont essentiels à la création et au bon fonctionnement d’un marché carbone mondial. À travers CFCA, nous pourrons soutenir la création des infrastructures de marché, assurer la transparence, la liquidité et la fiabilité des échanges, et surtout, financer des projets bas carbone”, a dit M. Safir.



Le Maroc dispose d’une opportunité “incontournable” pour se positionner comme un pôle régional de création de crédits carbone de haute qualité, a affirmé, le 8 juillet à Casablanca, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali.

“Nous avons aujourd’hui une opportunité incontournable pour devenir ce pôle de création de crédits carbone de haute qualité, générateur de co-bénéfices environnementaux et sociaux”, a indiqué Mme Benali à l’occasion de la 2e édition de la conférence “Scaling up carbon market in Africa : Shaping fair and effective markets”, tenue à l’initiative de Casablanca Finance City Authority (CFCA) et le groupe CDG, en collaboration avec l’agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ).

La ministre a, dans ce sens, insisté sur la nécessité d’harmoniser le cadre réglementaire, de renforcer la transparence et la gouvernance, d’assurer l’intégrité environnementale et l’équité dans la répartition des bénéfices, en plus de mobiliser des financements massifs.

Elle a relevé que le marché carbone demeure un instrument économique de premier ordre qui constitue, au Maroc, un outil politique et social, essentiel pour asseoir la transition énergétique, économique et sociale.

En outre, Mme Benali a fait remarquer que l’engagement du Maroc ne répond pas à une logique de conformité ou de simple alignement international, mais procède d’un choix profondément éthique, stratégique et économique, mû par la conviction que l’action climatique ne doit plus être l’apanage exclusif des grands émetteurs, mais doit au contraire s’appuyer sur les atouts compétitifs des pays comme le nôtre.

La ministre a, à cet égard, mis en avant le potentiel du Royaume en énergies renouvelables et les investissements importants engagés ces dernières décennies dans les infrastructures physiques et immatérielles, ce qui permet le développement d’un marché carbone.

Parallèlement, Mme Benali a estimé que le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM – Carbon Border Adjustment Mechanism) s’est révélé être une opportunité plus qu’une contrainte pour le Maroc, du fait qu’il a permis d’insuffler cette politique industrielle énergétique et de compétitivité pour accélérer la transition énergétique, en particulier au profit des industries et des services exportateurs.

Pour elle, la certification carbone devient ainsi un véritable instrument de compétitivité, de préservation des parts de marché et de soutien à la décarbonation des chaînes de valeur internationales.

Cette conférence s’est articulée autour de panels abordant, entre autres, le développement de projets sur les marchés carbone en Afrique, les perspectives des acheteurs et investisseurs sur ces marchés, ainsi que sur l’émergence de Casablanca comme un hub régional du marché carbone.