Les travaux de la 19e édition du Congrès Mondial de l’Eau, ont été sanctionnés, le 5 décembre, par l’adoption de la « Déclaration de Marrakech », un appel à élever l’eau au rang de priorité mondiale.

La Déclaration insiste ainsi sur la nécessité d’élever l’eau au rang de priorité mondiale au niveau de toutes les plateformes internationales, y compris la COP 31, la Conférence de l’ONU 2026 sur l’eau et le 11ème Forum mondial de l’eau en 2027, étant donné que la sécurité hydrique est menacée dans le monde entier, impactant la santé, l’agriculture, l’énergie, les écosystèmes et les économies, ainsi que la paix, la stabilité et la prospérité partagée.
Le document souligne, dans ce sens, le besoin urgent d’innovation et d’adaptation dans la gestion de l’eau, dans un contexte marqué par des pressions croissantes sur les systèmes d’approvisionnement en eau découlant de plusieurs défis mondiaux tels que les changements climatiques, la croissance démographique, l’urbanisation rapide, la dégradation des sols et la pollution.

Les modèles de gouvernance et de développement des infrastructures doivent évoluer pour faire face à ces défis complexes, note la Déclaration, relevant qu’il est nécessaire de promouvoir l’innovation éthique et responsable dans la gestion de l’eau, afin d’accélérer la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD).

La Déclaration préconise également d’investir dans l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques en priorisant des infrastructures d’eau résilientes et des solutions à faible teneur en carbone, telles que le dessalement de l’eau de mer à l’aide d’énergies renouvelables, la réutilisation des eaux usées, la récolte des eaux de pluie, outre l’amélioration de la gestion des catastrophes et risques liés à l’eau.

Elle encourage, par ailleurs, le renforcement de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale, internationale et multilatérale dans le domaine de l’eau, en partageant notamment les données, les technologies et les expertises.

En outre, le document met l’accent sur l’importance d’assurer une gouvernance participative de l’eau à travers l’engagement de toutes les parties prenantes, y compris les femmes, les jeunes, la société civile et les communautés locales, dans la conception et la mise en œuvre de solutions pour les problématiques liées à l’eau.

Il s’agit aussi de renforcer la sensibilisation et la recherche scientifique autour de l’eau et de favoriser la mise en place de plateformes de coopération et d’innovation afin de surmonter collectivement les défis liés à l’eau.

La Déclaration appelle, de même, à mobiliser des ressources financières plus importantes, afin de garantir que tous les projets et investissements publics et privés soient résilients et innovants et contribuent activement à la sécurité et la résilience hydrique.

Elle souligne également l’impératif de reconnaître la nature interconnectée de l’eau avec d’autres secteurs, en intégrant les aspects économiques, sociaux et environnementaux dans tous les processus de planification des ressources en eau, ainsi que de soutenir le droit à l’eau par le biais de politiques, de pratiques et d’une coopération internationale renforcée.
Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 19è édition du Congrès Mondial de l’Eau, coorganisée par le ministère de l’Équipement et de l’Eau et l’Association Internationale des Ressources en Eau (IWRA) sous le thème « L’eau dans un monde qui change : Innovation et adaptation », a été l’occasion d’explorer des solutions innovantes, des stratégies et des approches adaptatives pour les ressources en eau dans un monde en changement permanent.

Cet événement a ainsi offert une plateforme aux experts, praticiens, chercheurs, décideurs politiques, société civile et secteur privé pour échanger des connaissances, présenter des recherches novatrices, établir des partenariats et développer conjointement des solutions concrètes visant à relever les défis complexes de la gouvernance, de la sécurité et de la durabilité mondiales de l’eau.




Le Maroc et la Suisse ont signé la première autorisation d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, franchissant ainsi une étape majeure dans la mise en œuvre de l’accord conclu entre les deux pays pour la coopération au titre de l’article 6 de l’Accord de Paris.

Cette autorisation concerne le programme « Solar Rooftop 500 » (SR500), qui permettra de déployer 500 MW de systèmes solaires photovoltaïques en toiture dans les secteurs commercial et industriel à travers le Maroc, indique un communiqué du ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable – département du Développement Durable -, précisant que ce jalon ouvre la voie à un marché carbone opérationnel et à une accélération tangible de la transition énergétique.

Immédiatement bénéfique pour les entreprises marocaines, ce programme engendre de nombreux co-bénéfices économiques, sociaux et stratégiques pour le Maroc, note la même source, ajoutant qu’en termes d’emplois, le déploiement de 500 MW générera environ 15.000 emplois directs et indirects, à travers les activités d’installation et de maintenance.
Il contribuera également à stimuler l’investissement privé et à structurer davantage le marché solaire national.

Le programme SR500 permettra aux entreprises de réduire leur facture d’électricité de 25 à 40 %, améliorant directement leur productivité et leur rentabilité.

Grâce à la prime carbone, pouvant atteindre jusqu’à 25% du coût de l’installation, liée à la valorisation des quantités de gaz à effet de serre qui seraient réduites en substituant l’énergie fossile par l’utilisation de l’énergie solaire, le SR500 rend les investissements plus rentables et plus accessibles, notamment pour les PME.

Ces économies se traduiront par une baisse des coûts de production, une amélioration des marges opérationnelles et une capacité d’investissement accrue.

Le Programme SR500 s’inscrit en droite ligne des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, portant la part des énergies renouvelables à plus de 52 % de la capacité nationale en 2026, et confirme le nouveau classement du Royaume dans les TOP6 mondial en matière de performances climatiques.

L’autorisation de ce projet positionne le Maroc comme le troisième pays au monde, le deuxième en Afrique, et le premier dans la région MENA, à autoriser une activité sous l’Article 6 de l’Accord de Paris, consolidant ainsi son statut de leader climatique global.



Les relations énergétiques entre le Maroc et l’Espagne ont franchi un cap décisif avec l’instauration, pour la première fois, d’un commerce bidirectionnel d’électricité et de gaz, a affirmé la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, soulignant que cette avancée majeure illustre la solidité du partenariat entre les deux pays.

Dans un entretien accordé au quotidien espagnol El País, Mme Benali a qualifié cette évolution de « première historique », rappelant que Rabat et Madrid entretiennent, depuis 2021, une relation exemplaire fondée sur un dialogue permanent et une responsabilité régionale assumée conjointement.

Cette coopération étroite a notamment permis une mobilisation immédiate lors de la panne d’électricité qui avait touché la péninsule Ibérique le 28 avril dernier, a-t-elle rappelé, précisant que le Maroc avait alors déployé « jusqu’à 38 % de sa capacité de production » pour contribuer au rétablissement de l’alimentation en Espagne.

Mme Benali a indiqué que les deux interconnexions électriques reliant les deux rives disposent d’une capacité cumulée de 1.400 MW et fonctionnent « dans les deux sens », ajoutant qu’un troisième projet d’interconnexion est en préparation afin de renforcer encore davantage la sécurité énergétique et la fluidité des échanges.

Évoquant les progrès du Maroc dans les énergies renouvelables, elle a relevé que leur part atteint désormais 45 %, contre 42 % en 2023, et devrait s’élever à 52 % d’ici 2027. Les premiers 40 % sont les plus difficiles : l’Espagne a traversé les mêmes étapes, a-t-elle commenté, soulignant que les investissements dans le secteur ont triplé chaque année depuis 2021 pour accélérer la transition énergétique.

La ministre a également mis en avant le dynamisme des investissements dans le secteur énergétique marocain, qui offre de vastes opportunités aux entreprises espagnoles. Elle a rappelé qu’environ 1.000 sociétés espagnoles sont déjà présentes au Maroc, tandis que de nombreuses entreprises marocaines participent à des projets en Espagne.

Concernant les métaux critiques, Mme Benali a souligné que la demande croissante en lithium, cobalt et autres minerais stratégiques ne pourra être satisfaite sans la contribution de l’Afrique, estimant que la connexion maroco-espagnole constitue un point d’accès essentiel aux grands corridors reliant le continent africain à l’Europe.

Elle a également évoqué le lancement de la Déclaration de Marrakech, définie comme un cadre ESG visant à promouvoir des projets miniers responsables, durables et finançables.

La ministre a rappelé que l’engagement du Maroc en faveur des énergies propres remonte à 1991, faisant du Royaume un pôle d’intégration de technologies avancées dans les domaines du stockage, des batteries et des réseaux, à un moment où les systèmes énergétiques mondiaux connaissent une transformation profonde.